« Le SMR promet un chemin économique différent » (Renaud Crassous, Nuward, EDF)
« Avec les SMR
Small Modular Reactor
, nous bénéficions d’un pouvoir d’attraction assez fort, car finalement le produit, nouveau, est intéressant, innovant et attire car il promet un chemin économique différent. Une chose est sûre : on constate un regain d’intérêt pour la filière nucléaire française, sa technicité et les défis qu’elle représente », déclare Renaud Crassous, président de Nuward
Nuclear forward
, filiale d’EDF
Producteur et distributeur d’électricité français.• Activités :- Production d’électricité- Transport et distribution- Fourniture d’énergie- Optimisation et trading• Création : 1946• Clientèle …
dédiée aux SMR, à News Tank le 30/03/2023.
L’effectif de Nuward, lancée officiellement le 30/03/2023, devrait atteindre les 150 salariés d’ici 2024. La filiale d’EDF continuera à travailler avec ses partenaires historiques : le CEA
Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives
, TechnicAtome, et Naval Group, ainsi que les nouveaux partenaires Framatome et Tractebel qui ont rejoint le projet en 2022. L’objectif de Nuward est de mettre en service son premier SMR en 2035.
« L’intérêt est que le SMR est très complémentaire dans l’usage énergétique pour les clients finaux que nous visons. La grande puissance s’adresse à des réseaux assez robustes pour alimenter sur des points d’injection de plusieurs GW
Gigawatt
de puissance, alors que les SMR peuvent se mettre sur des points de réseau plus limités puisqu’ils injectent moins de puissance d’un coup. Et les petits réacteurs permettent d’aller plus loin que les usages purement électrogènes, car de par leur taille ils intéressent des acteurs qui ne sont plus seulement des grands électriciens exploitants nucléaires, mais des industriels visant la décarbonation d’ici 2050. »
Renaud Crassous répond aux questions de News Tank.
Qu’est-ce qui a poussé EDF à faire du projet SMR Nuward une nouvelle filiale d’EDF ?
Combiner au mieux l’agilité d’une petite structure au sein d’EDF »En nous nous posant la question de comment trouver le mode d’organisation qui nous permet de trouver à la fois beaucoup d’agilité, de rapidité d’exécution et, en même temps, nous permet de rester adossé à toute l’expertise d’EDF et de nos partenaires qui sont des grandes entreprises d’ingénierie avec un réel savoir-faire, nous avons convergé vers une solution de filiale. Cette nouvelle structure a ses moyens dédiés concentrés uniquement sur le développement de ce SMR. La filiale Nuward permet de combiner au mieux l’agilité d’une petite structure qui a une relative autonomie au sein du Groupe, qui n’est plus une unité managériale au milieu d’une grande division.
Dans cette filiale seront logées toutes les personnes qui s’occupent d’intégrer le design, de piloter le projet, le planning, les risques et les contrats, et de préparer l’industrialisation des SMR de demain.
La filiale Nuward est-elle déjà opérationnelle ?
La filiale est enregistrée au registre de commerce depuis plusieurs mois. Une quinzaine de personnes sont déjà en poste depuis le début mars 2023. Le siège est à Paris mais le plus gros des équipes est à Lyon. Toutes les personnes qui le souhaitent et qui sont dans la direction de projet vont basculer dans Nuward jusqu’au mois de juin. 50 personnes au total seront salariées dans la filiale au 01/06/2023.
Le staffing de cette filiale se fera ensuite par plusieurs leviers : par des détachements de personnes d’EDF, de nos partenaires comme le CEA ou Naval group et des recrutements externes volontairement très diversifiés car la recette du SMR est d’être innovant. C’est un objet qui ne se construit pas de la même manière, qui doit se développer beaucoup plus vite. Par conséquent, nous cherchons des compétences diversifiées grâce à des recrutements dans d’autres industries et dans d’autres pays, en particulier européens, pour que naisse une joyeuse fertilisation croisée des expériences de grands projets.
Une joyeuse fertilisation croisée des expériences de grands projets »Sentez-vous un frémissement du côté des jeunes ingénieurs pour investir votre filière ?
Dans le contexte de croissance des projets nucléaires, il est important de trouver de nouveaux talents. Nous bénéficions de tout le travail de la filière pour profiter de nouvelles ressources comme avec le Gifen Groupement des industriels français de l'énergie nucléaire . Nous sommes dans le sillage des formations des écoles.
Avec les SMR, nous avons un pouvoir d’attraction assez fort, car finalement le produit, nouveau, est intéressant, innovant et attire car il promet un chemin économique différent. Une chose est sûre : on constate un regain d’intérêt pour la filière nucléaire française, sa technicité et les défis qu’elle représente.
Quand le premier SMR Nuward sera-t-il en service ?
En termes de planning, notre objectif est de couler le premier béton en 2030, pour une mise en service au plus tard en 2035. Cela paraît loin mais c’est cohérent avec le planning des projets nucléaires et des projets de nouveau design et de nouveaux réacteurs. Même si nous sommes dans des technologies largement connues, avec des réacteurs à eau pressurisée comme ceux du parc français ou un peu partout dans le monde, la technologie est un peu particulière, dite chaudière intégrée. Tout le circuit primaire se trouve dans la cuve, ce qui présente des avantages importants en termes de taille de la cuve et de compacité et de sûreté intrinsèque au réacteur.
De ce fait là, nous avons un certain nombre d’innovations à développer. Par conséquent, le chemin critique incompressible de développement des innovations, de tests dans les boucles d’essais, et de développement de codes de calculs pour démontrer à l’Autorité de sûreté nucléaire que tout fonctionne bien nous laisse quatre petites années avant 2027, date à laquelle nous souhaitons déposer la demande d’autorisation de création de la centrale. Autant dire demain.
Quel est l’intérêt d’un SMR par rapport à un réacteur classique ?
Le SMR est très complémentaire dans l’usage énergétique pour les clients finaux que nous visons. La grande puissance s’adresse à des réseaux assez robustes pour alimenter sur des points d’injection de plusieurs GW de puissance, alors que les SMR peuvent se mettre sur des points de réseau plus limités puisqu’ils injectent moins de puissance d’un coup. Et les petits réacteurs permettent d’aller plus loin que les usages purement électrogènes, car de par leur taille ils intéressent des acteurs qui ne sont plus seulement des grands électriciens exploitants nucléaires, mais des industriels visant la décarbonation d’ici 2050 et qui ont besoin de quelques centaines de MW électriques ou chaleur. Avec le SMR, on conçoit un réacteur qui, dès le départ, peut faire de la cogénération (électricité et un peu de vapeur) pour aider ces industriels à décarboner complètement leur source énergétique.
Avec le SMR, on conçoit un réacteur qui peut faire de la cogénération »Ce sont de gros investissements en vue pour ces industriels…
Oui, ce sont de gros investisseurs qui sont dans la pétrochimie, la métallurgie, la sidérurgie qui utilisent massivement aujourd’hui les énergies fossiles, et qui, pour partie, avaient prévu de reposer sur le gaz. Depuis la guerre en Ukraine, ils se disent sûrement que le gaz n’est pas forcément une bonne idée. Depuis ce conflit, nous avons d’ailleurs vu beaucoup d’acteurs se retourner vers les SMR, non pas pour en acheter un demain matin, mais pour montrer un intérêt dans cette technologie d’avenir.
La petite taille des SMR favorise-t-elle la production en série ?
Oui clairement. Le modèle économique des SMR est basé sur la série et non sur la taille. Nuward vise une gamme de centrales avec deux réacteurs de 170 MW chacun, pour une production estimée à 2,7 TWh Térawatt-heure . C’est un objet de taille comparable à un cycle combiné à gaz ou un grand barrage. C’est un dixième d’un réacteur EPR European Pressurized Reactor . Ce type de SMR est adpaté pour les injections sur un réseau électrique même plus fragile comme par exemple dans certains pays de l’Europe de l’Est ou en Asie. Il est également adapté pour les zones portuaires ou les producteurs d’hydrogène.
Le modèle est exportable, une condition d’existence du business model »Par conséquent, le modèle est exportable, et c’est une condition d’existence du business model. Depuis le début, Nuward Nuclear forward est conçu pour avoir un design le plus international possible. Nous avons d’ores et déjà reçu des demandes de renseignements, nous avons établi des partenariats avec des entreprises comme Fortum et des accords de coopération avec la Pologne ou la République tchèque. Dès qu’un pays a des questions, nous répondons présent grâce à notre présence commerciale un peu partout dans le monde.
Travaillez-vous en termes de recherche avec les start-ups comme Jimmy qui se lancent dans la conception de SMR ?
Non. Cette start-up comme d’autres ne sont pas des concurrents car ces jeunes pousses travaillent toutes sur des réacteurs génération 4, ne bénéficiant pas de notre expérience. En termes de maturité des technologies et de capacité à proposer un produit commercial et standardisé, ces réacteurs devraient arriver après. De plus, avec des réacteurs de quelques MW Mégawatt , elles s’adressent à d’autres clients.

Parcours
Président de Nuward (filiale SMR d’EDF)
Directeur de projet SMR
Directeur du Centre National d’Equipement de Production d’Electricité
Directeur du GEH Dordogne
Economiste
Chercheur économiste
Établissement & diplôme
Diplôme d’ingénieur
DEA économie de l’environnement et des ressources naturelles
Fiche n° 48902, créée le 28/03/2023 à 16:34 - MàJ le 30/03/2023 à 12:13
EDF
Producteur et distributeur d’électricité français.
• Activités :
- Production d’électricité
- Transport et distribution
- Fourniture d’énergie
- Optimisation et trading
• Création : 1946
• Clientèle : 39,8 millions de clients, dont 30,3 millions en France (2022)
• Effectif : 165 000 salariés (2021, dernier chiffre communiqué)
• Chiffre d’affaires :
- 2022 : 143,476 Md€
- 2021 : 84,461 Md€
• Résultat net part :
- 2022 : 17,94 Md€
- 2021 : 5,113 Md€
• Production nucléaire (France) : 279 TWh (2022)
• Production hydraulique (France) : 32,4 TWh (2022)
• Président-directeur général : Luc Rémont, depuis 2022
• Contact : Pierre-Franck Thomé-Jassaud, service presse
• Tél. : 01 40 42 44 19
Catégorie : Fournisseur
Entité(s) affiliée(s) :
- Enedis
- EDF Renouvelables
- Hynamics
- Framatome
- Cyclife
- Dalkia
- CSE Central EDF (CSEC EDF)
- Exaion
Adresse du siège
22-30, avenue de Wagram75008 Paris France
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Fiche n° 13190, créée le 14/03/2022 à 16:20 - MàJ le 03/04/2023 à 10:34
Contact
Morgan Fioleau
Attaché de presse
EDF
01 40 42 46 37
morgan.fioleau@edf.fr