Éolien en mer : « La Région prendra ses responsabilités » (Claire Hugues, Pays de la Loire)
« Nous voulons soutenir le développement de la filière EMR
Énergies Marines Renouvelables
car le développement de l'éolien en mer est une condition sine qua non pour améliorer le mix énergétique français. La Région Pays de la Loire prendra sa responsabilité et sa place pour que l'éolien puisse s’y développer. Nous disposons d’un savoir-faire et du retour d’expérience du premier parc mis en service en France en 2022. Le port de Nantes Saint-Nazaire, qui a servi de hub pour la construction de ce premier parc éolien français, est en train de muter pour accompagner le développement de l'éolien en mer en France. La filière doit grossir et il faut donc accélérer sur la préparation du territoire avec des formations adéquates et le développement du tissu industriel. Nous utilisons la totalité de notre boite à outils : investissement sur le site d’essais en mer SEM-REV
Site d’Expérimentation en Mer pour la Récupération de l’Energie des Vagues
, accompagnement du développement de certaines entreprises, soutien à des projets de R&I
Recherche et innovation
… », déclare Claire Hugues
Vice-présidente en charge des affaires maritimes @ Région Pays de la Loire (Conseil régional des Pays de la Loire)
, vice-présidente de la Région Pays de la Loire en charge des Affaires maritimes, à News Tank le 19/07/2023.
Selon l’Observatoire des énergies de la mer, la région des Pays de la Loire compte 2 256 emplois dans les EMR en 2022, ce qui fait d’elle la première région française en termes d’emplois dans cette filière. Elle occupe également la première place en termes de chiffre d’affaires avec 860 218 000 € réalisés en 2022. « Cette filière a la spécificité d'être une filière économique assez vaste qui regroupe des acteurs industriels, des développeurs, des académiques et des chercheurs. »
« En Pays de la Loire, nous pensons qu’il est important d’accompagner nos entreprises non seulement sur le marché français mais aussi dans leur développement à l’international. D’autres pays ont la même ambition de développement des EMR que la France. Il existe donc un potentiel très fort à l’international pour nos entreprises. »
Claire Hugues répond aux questions de News Tank.
Que représente la filière des EMR en Pays de la Loire ?
La filière EMR est importante en Pays de la Loire puisque la région a retrouvé la première place symbolique en nombre d’emplois avec 2 256 emplois en 2022. Cette filière a la spécificité d'être une filière économique assez vaste qui regroupe des acteurs industriels, des développeurs, des académiques et des chercheurs. Elle s’est lancée avec la décision de la construction du premier parc éolien en mer à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) vers 2009-2010. À l'époque, il y a eu un front commun des élus du territoire pour candidater et construire une filière.
La filière EMR en Pays de la Loire
• 2 256 emplois en Pays de la Loire, soit 1ère région d’accueil de l’emploi des EMR
• 860 218 000€ de CA Chiffre d’affaires , 1ère région en termes de chiffre d’affaires
• 180 ETP Équivalent temps plein dédiés exclusivement à la recherche sur les EMR
• Plus de 100 entreprises actives sur les EMR
• 30 ha hectares d’espace portuaire dédiés aux EMR
• 500 projets de R&D Recherche et développement régionaux, nationaux et européens, représentant plus de 100 M€ investis sur le territoire sur la période 2015-2020.
Quelles sont les EMR présentes dans votre région ?
En Pays de la Loire, il s’agit quasi-essentiellement d'éolien en mer. Il y a également quelques recherches menées sur l'énergie de vagues.
Quelle est la volonté politique autour de cette filière ?
Nous voulons soutenir le développement de cette filière car le développement de l'éolien en mer est une condition sine qua non pour améliorer le mix énergétique français. La Région Pays de la Loire prendra sa responsabilité et sa place pour que l'éolien puisse s’y développer. Nous disposons d’un savoir-faire et du retour d’expérience du premier parc mis en service en France en 2022.
Un savoir-faire et le retour d’expérience du premier parc mis en service »Le port de Nantes Saint-Nazaire, qui a servi de hub pour la construction du premier parc, est en train de muter pour accompagner le développement de l'éolien en mer en France. La filière doit grossir et il faut donc accélérer sur la préparation du territoire avec des formations adéquates et le développement du tissu industriel. Nous utilisons la totalité de notre boite à outils : investissement sur le site d’essais en mer SEM-REV, accompagnement du développement de certaines entreprises, soutien à des projets de R&I…
L'éolien en mer est-il une énergie bien acceptée en Pays de la Loire ?
L’acceptabilité des grands projets, quels qu’ils soient, est toujours un sujet sensible ; elle se travaille. Dans le cadre de la construction du premier parc, il y a eu un très gros travail du porteur du projet et de la part de beaucoup d’autres acteurs pour participer à une bonne information et favoriser l'écoute. Globalement, le parc de Saint-Nazaire a été bien accepté grâce à tout ce travail, même si, quand les éoliennes ont été installées, il y a eu une résurgence de la contestation de certaines personnes.
Quelles sont les pistes pour améliorer cette acceptabilité selon vous ?
Nous travaillons à la préparation du débat public sur la future planification de l'éolien en mer par façades. Le premier axe est d'être vraiment et sincèrement dans l'écoute de l’ensemble des acteurs pour que chacun puisse s’approprier les enjeux dont on parle. Encore beaucoup de gens n’ont pas compris que nous avons besoin d’un mix énergétique avec à la fois du nucléaire et de l'éolien. J’entends des contre-vérités sur les parcs éoliens en mer : destruction de la faune et impossibilité de pécher, par exemple. Donc l’un des objectifs du débat public, qui se tiendra dès fin octobre 2023, est de donner les moyens de comprendre les enjeux.
Des retombées économiques en termes d’emplois locaux »Je ne crois pas que la distribution du produit des taxes soit le seul moyen de favoriser l’acceptabilité. J’aimerais qu’il y ait moins de covisibilité des parcs. Plus on ira loin en mer, plus ce sera facile mais pour l’instant nous sommes encore limités d’un point de vue technologique. Je pense qu’il faut que les futurs parcs se matérialisent par des retombées économiques, notamment en termes d’emplois locaux et pas forcément en monnaie sonnante et trébuchante. Si demain nous installons des éoliennes chinoises, nous aurons tous tout perdu.
Dans quelle mesure les Pays de la Loire accueilleront-ils d’autres parcs éoliens en mer ?
Un grand débat national par façade va se tenir d’ici fin 2023 avec pour objectif de planifier les 40 GW Gigawatt que la France devra installer en mer à horizon 2050. Les préfets de Région ont d’ores et déjà reçu les objectifs : ce sont entre 17 et 25 GW qui devront être installés dans la zone Nord Atlantique-Manche Ouest, donc en Bretagne et Pays de la Loire. C’est sur la base des travaux réalisés par les territoires pendant les 18 mois de débats que le Gouvernement prendra la décision sur les parcs à installer et leur emplacement. Mais nous savons donc d’ores et déjà que la Région Pays de la Loire accueillera d’autres parcs.
Comment la Région travaille-t-elle à la mise en place de nouvelles formations pour accompagner le développement de la filière EMR ?
Certaines formations ont été mises en place pour accompagner le développement de la filière dans les métiers de base, tels que les diplômes d’ingénieurs. Nous essayons d’aller plus loin et de cartographier les futurs besoins avec ce développement massif prévu pour voir les formations que nous devons renforcer par rapport au déploiement de l'éolien offshore en Pays de la Loire. Il y a deux enjeux : développer les formations au bon endroit et les remplir. La localisation des formations dépendra de leur typologie : les formations d’ingénieurs généralistes peuvent être disséminées tandis que celles d’ingénieurs maintenance doivent être localisées en proximité des projets. Par ailleurs, la Région travaille sur la question de l’orientation, qui est l’une de ses compétences.
Comment s’organise l'écosystème de recherche autour des EMR en Pays de la Loire ?
Nous disposons d’un certain nombre d'équipes de recherche à Centrale Nantes, qui a développé le SEM-REV, à l’Université de Nantes et à l'IRT Institut de recherche technologique Jules Verne notamment. Nous accueillons aussi des équipes de R&D de grands groupes comme celle de GE General Electric Renewable Energy qui compte 200 ingénieurs, ou le pôle R&D des Chantiers de l’Atlantique.
Des acteurs fédérés au sein du cluster WEAMEC »Enfin, nous avons aussi des start-up telles que Lhyfe ou Geps Techno que nous accompagnons fortement car elles détiennent des briques technologiques dont il faut encourager le développement. Tous ces acteurs sont fédérés au sein de la communauté WEAMEC (West Atlantic Marine Energy Community). L’intérêt de ce cluster d’innovation est de décloisonner et de faire travailler ensemble ces acteurs.
Quel rayonnement la filière EMR ligérienne peut-elle avoir en dehors de la région ?
En Pays de la Loire, nous pensons qu’il est important d’accompagner nos entreprises non seulement sur le marché français mais aussi dans leur développement à l’international. D’autres pays ont la même ambition de développement des EMR que la France. Il existe donc un potentiel très fort à l’international pour nos entreprises. L’objectif français est de développer 40 GW d'éolien en mer mais il y aura des trous dans le cadencement de ces parcs donc est important d’aller capter des marchés européens et de créer des synergies avec d’acteurs européens. La concurrence viendra de l’extérieur de l’Europe, il faut donc aussi savoir créer des consortiums européens.
Comment travaillez-vous avec les autres Régions sur la question des EMR ?
Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, les Régions travaillent en coopération plus qu’en concurrence. Sur la planification, nous partageons la même façade que la Bretagne et nous souhaitons qu’une instance d'échanges avec la Nouvelle-Aquitaine soit mise en place.
Les Régions travaillent en coopération plus qu’en concurrence »Sur le développement de la filière EMR, chaque Région a ses propres dispositifs mais nous coopérons au sein d’instances communes. Par exemple, nous partageons des sites d’essais en mer, nous siégeons à cinq Régions au sein du conseil d’administration de la Fondation Open-C, nous sommes cinq Régions à être membres de France Énergies Marines, et nous étions quatre Régions partenaires de l'événement FOWT Floating offshore wind turbine - Rencontres internationales sur l'éolien flottant . Dans le cadre de l'AMI Appel à manifestation d’intérêt sur les infrastructures portuaires, les ports de Brest et Nantes Saint-Nazaire ont répondu conjointement. Dans la perspective du développement de 40 GW d'éolien en mer à horizon 2050, il faut que nous sachions faire front face à la concurrence asiatique.
De quelle nature est la concurrence que vous évoquez ?
Il y a un risque que les acteurs français et européens soient supplantés par des acteurs asiatiques, notamment certains sous-traitants dans la construction des nacelles. Quand on regarde le premier rang des appels d’offres, on a l’impression de n’avoir que des acteurs européens mais cela n’est pas forcément le cas dans les sous-traitants. Il existe des nacelles chinoises installées dans des parcs du Nord de l’Europe.
Nous poussons pour la mise en place de critères locaux dans les appels d’offres mais cela ne suffira pas. L'État français travaille sur ce sujet, mais on se heurte aux règles des marchés publics européens. Il faut préparer le territoire de façon à ce qu’il soit très compétitif pour répondre à la demande.

Claire Hugues
Vice-présidente en charge des affaires maritimes @ Région Pays de la Loire (Conseil régional des Pays de la Loire)
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Parcours
Vice-présidente en charge des affaires maritimes
Conseillère régionale
Conseillère en financement immobilier
Attachée parlementaire
Directrice de projet informatique
Établissement & diplôme
DESS Mathématiques appliquées et informatiques
Fiche n° 49631, créée le 18/07/2023 à 14:42 - MàJ le 18/07/2023 à 14:48