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Debrief : « Une mise sous tutelle si on ne rattrape pas le retard » (M. Gioria, France Renouvelables)

News Tank Energies - Paris - Débrief n°303748 - Publié le 24/10/2023 à 18:55
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Debrief énergies organisé par News Tank le 19/10/2023 - ©  News Tank

« Nous sommes en retard sur l’identification du caractère stratégique de l’industrie européenne de l’éolien face à certains de nos concurrents internationaux. Si on ne rattrape pas ce retard, cela sera l’équivalent d’une mise sous tutelle technologique et d’une perte de souveraineté majeure pour les pays européens. J’ai le sentiment que la Commission européenne Principal organe exécutif de l’Union européenne• Rôles et missions :- Participe à la stratégie globale de l’UE- Propose de nouvelles législations et politiques, assure le suivi de leur mise en… a compris tardivement qu’elle ne protégeait pas suffisamment son industrie. Il faut saluer le rôle de la France dans cette prise de conscience. Afin d’inverser la vapeur, il faut continuer à soutenir les investissements industriels sur notre sol, à travers par exemple des crédits d’impôt et des programmes d’adaptation de l’appareil de formation aux besoins de l’industrie. La réciprocité doit aussi être de mise. Si les turbiniers européens n’ont pas accès au marché chinois, nous devons leur refuser l’accès au nôtre », déclare Michel Gioria Délégué général @ France Renouvelables (FEE)
, délégué général de France Renouvelables Association qui représente, promeut et défend les énergies renouvelables en France (ex-FEE)• Création : 1996 - anciennement France Énergie Éolienne (FEE)• Composition : 330 membres• Missions … , lors du Debrief énergies organisé par News Tank le 19/10/2023. 

Changement de nom de FEE en France Renouvelables Association qui représente, promeut et défend les énergies renouvelables en France (ex-FEE)• Création : 1996 - anciennement France Énergie Éolienne (FEE)• Composition : 330 membres• Missions … , acceptabilité de l’éolien par la population, rendez-vous législatifs à venir, avenir de la filière européenne face à la concurrence internationale : News Tank rend compte des échanges.


« L’éolien est devenu un objet politique »

  • « Ce nouveau positionnement [notre changement de nom, France Renouvelables Association qui représente, promeut et défend les énergies renouvelables en France (ex-FEE)• Création : 1996 - anciennement France Énergie Éolienne (FEE)• Composition : 330 membres• Missions … remplaçant FEE] est motivé par trois éléments :
    • On ne peut plus nier le fait que l’éolien est devenu un objet politique. Cela demande de réinterroger notre stratégie pour le défendre avec encore plus de force. 
    • Les travaux de RTE Gestionnaire du réseau de transport d'électricité français.- 106 874 km de lignes électriques• Création : 2000• Actionnariat : EDF (50,1 %), CDC (29,9 %) et CNP Assurances (20 %)• Missions :… , qui nous ont confirmé la nécessité d’atteindre les 50 % d’énergies renouvelables dans notre mix énergétique. Pour cela, nous devrons développer des éléments essentiels à l’insertion des EnR sur le réseau comme le stockage et les flexibilités, en veillant à optimiser le coût du système électrique. 
    • La nécessité de formuler des propositions qui ont une portée sociétale dépassant l’échelle d’une fédération de producteurs, en renforçant par exemple la composante des retombées industrielles, retombées locales, retombées pour le système électrique de nos propositions.
  • Nous restons une fédération qui défend l’énergie éolienne, mais nous voulons continuer à développer nos compétences et notre expertise dans tous les sujets périphériques à l'éolien qui sont essentiels à une plus forte pénétration de l’éolien dans le mix énergétique, comme le développement de projets hybrides. 
  • C’est difficile de faire comprendre aux producteurs que l’éolien puisse être un sujet politique. Ils sont persuadés que ce qu’ils font est bien. 
  • Une partie de nos membres ont également commencé à travailler sur des projets hybrides, combinant de l’éolien avec du stockage, de l’éolien avec de l’hydrogène ou de l’éolien et du photovoltaïque. D’abord, car ils ont une activité dans d’autres pays qui sont en train de faire cette bascule. 
  • Nous nous intégrons dans l’écosystème en travaillant par exemple avec Enerplan Syndicat patronal dont les membres sont issus des branches de l’industrie, de la construction, du commerce et des services de l’énergie solaire• Mission : animer, représenter et défendre les… , le CSF Comité stratégique de filière sur l’offshore flottant ou bien avec France Hydrogène Association qui fédère et accompagne les acteurs de la filière française de l’hydrogène• Création : 1998• Missions :- Structurer une filière française de l’hydrogène performante, compétitive et… pour des dispositifs de soutien. 
  • Sur le sujet de l’Ifer Imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux , nous considérons que les communes d’implantation des parcs et les communes limitrophes doivent en obtenir une part plus importante. C’est un constat partagé avec d’autres syndicats ou unions comme l’UFE Association professionnelle du secteur de l’électricité, l’UFE regroupe des producteurs, gestionnaires de réseaux, fournisseurs d’électricité et de services d’efficacité énergétique, mais aussi… ou le SER • Le SER (Syndicat des énergies renouvelables) représente l’ensemble des filières des énergies renouvelables en France.• Création : 1993• Missions :- Accroître la part des énergies renouvelables… , ainsi qu’avec l’association des maires ruraux. » 

« Les acteurs ne se sont pas mis à la place du consommateur »

  • « Pendant longtemps, les acteurs se sont concentrés sur comment faire progresser la part de l’éolien dans le mix électrique puis énergétique, dans un contexte de tarifs d’achat puis de compléments de rémunération, avec l’idée de ne plus représenter une part marginale du mix. Maintenant que nous sommes à 9 % et que nous voguons vers 15, 20 ou 25 % du mix, nous devenons progressivement des acteurs majeurs du système énergétique, ce qui donne certaines responsabilités notamment vis-à-vis de l’équilibre et de l’économie du système électrique. 
  • Le prochain défi de la filière sera une meilleure compréhension des besoins des consommateurs d’électricité, pour notamment concevoir les offres de corporate PPA Power purchase agreement les plus adaptés à leurs besoins. À notre échelle, nous allons pousser nos adhérents à être force de propositions sur ces sujets et à investir dans des compétences dédiées dans leurs équipes, sur le modèle de ce qui a été fait il y a 5 ou 6 ans sur toutes les questions de prise en compte des sujets environnementaux. 
  • On constate des frictions dans des pays européens. En Allemagne, on raccorde plus vite qu’en France, sans pour autant pouvoir injecter dans le réseau. Les gestionnaires indemnisent les producteurs, qui ne peuvent pas injecter. Cela n’a ni queue ni tête. 
  • Concernant le système d’appel d’offres, il pousse les producteurs à se mettre dans une situation ou le prix est le plus bas possible. Pour l’atteindre, ils concentrent leurs installations dans les zones ou les gisements de vent sont les plus importants, ce qui pousse à développer les projets terrestres dans une dizaine de départements. Cela contribue à faire de l’éolien terrestre un objet politique. 
  • La combinaison d’un état planificateur et d’incitations économiques doit nous permettre de sortir de cet état de fait. 

Parc éolien installé en France

Source(s) : RTE

  • Sur les parcs existants, l’enjeu est, à l’occasion de la régionalisation de la PPE Programmation pluriannuelle de l'énergie , de procéder à un travail de fond sur le repowering. La concentration crée l’insatisfaction. Au moment où les parcs arrivent à la fin de leur vie, il faut, dans les zones de forte concentration et de tension sur le sujet, pouvoir proposer de réduire les mâts pour une production plus élevée. 
  • L’objectif du développement du renouvelable est aussi celui de la réduction de consommation d’énergies fossiles. Ces dynamiques doivent aller de pair. Cela doit être le point de départ de tout récit sur la transition énergétique. Cet élément a été mis sur la table trop récemment. S’il avait été le point de départ des discussions, la France n’aurait pas eu besoin d’attendre 2050 pour être le premier pays développé à sortir des énergies fossiles. 
  • Sur la question du prix, faut-il toujours tendre vers le plus bas, ou bien accepter qu’il soit un peu plus élevé, avec des conditions claires en matière de retombées industrielles par exemple ?
  • Si les gens ne mesurent pas les retombées économiques et sociales de la transition énergétique dans leur quotidien, nous risquons qu’ils n’y adhèrent pas. 
  • L’utilité de l’objet qui sort de terre pas loin de chez vous doit être évidente. Une partie de la production doit alimenter l’autoconsommation collective, les bornes de recharge publiques… La loi Énergies renouvelable ouvre des pistes à ce sujet, qu’il faut creuser. »

« La loi EnR est la première dédiée au sujet »

  • « Afin de réussir la transition, nous devons accélérer. Si nous ne le faisons pas, la transition n’aura pas lieu. 
  • La Loi d’accélération des EnR est singulière, car c’est le premier texte législatif dédié à ce sujet. C’est un symbole politique important. 
  • Elle emmène avec elle plusieurs avancées, comme sur la R2IPM Raison impérative d’intérêt public majeur , ou nous atteignons des seuils que nous considérons comme très satisfaisants.
  • Nous sommes plutôt satisfaits sur ce qui concerne la planification offshore, la répartition de la valeur ou les sujets de raccordement. 
  • La mise en œuvre opérationnelle de cette loi est clairement pilotée. Les temps de travail sont respectés et on converge progressivement sur les différents décrets d’application. 
  • Je ne suis pas d’accord avec l’idée que la loi EnR prenne les choses un peu à l’envers par rapport à la PPE Programmation pluriannuelle de l'énergie . Les diagnostics convergent vers le fait que si l’on veut atteindre les objectifs, nous devrons accélérer. Et pour cela, avoir un cadre qui le permet a du sens. 
  • On ne peut plus faire comme si le paysage politique n’avait pas changé après les élections législatives de 2022. La majorité est désormais relative. La manière dont on crée la politique publique doit s’adapter à cet état de fait. »

« Le discours sur l’accélération ne doit pas être naïf »

  • « Le discours sur l’accélération ne doit pas être naïf, mais réaliste. Des chocs de matières premières ont eu lieu et auront lieu. C’est une tendance naturelle, dont nous avions un peu oublié l’existence ces dernières années. 
  • Il en est de même pour les taux d’intérêt, qui ont été bas avant de remonter ces dernières années. Cela a des conséquences importantes sur les comptes des turbiniers, des développeurs et de l’ensemble des acteurs de la chaine de valeur. Si ces sujets ne sont pas traités, cela pourrait remettre en question l’existence même d’une filière européenne de l’éolien. 
  • De manière un peu contre-intuitive, le retard accumulé par la France sur l’éolien en mer lui a été assez utile. Les projets en cours de construction ont été attribués entre 2011 et 2014, à des conditions tarifaires de l’époque, et renégociées en 2019. Ils gardent donc leur viabilité économique. 
  • La France a également mis en place des dispositifs d’indexation en décembre 2022 sur les appels d’offres terrestres. Entre la sélection des projets et le moment où on les construit, on fait un calcul prenant en compte l’inflation. Cela évite que les projets tombent à l’eau si le contexte économique, par exemple le prix des matières premières ou les taux d’intérêt, évolue entre temps. 
  • Nous sommes en retard sur l’identification du caractère stratégique de l’industrie européenne de l’éolien face à certains de nos concurrents internationaux. Si on ne rattrape pas ce retard, cela sera l’équivalent d’une mise sous tutelle technologique et d’une perte de souveraineté majeure pour les pays européens. J’ai le sentiment que la Commission européenne Principal organe exécutif de l’Union européenne• Rôles et missions :- Participe à la stratégie globale de l’UE- Propose de nouvelles législations et politiques, assure le suivi de leur mise en… a compris tardivement qu’elle ne protégeait pas suffisamment son industrie. Il faut saluer le rôle de la France dans cette prise de conscience.
  • La réciprocité doit aussi être de mise. Si les turbiniers européens n’ont pas accès au marché chinois, nous devons leur refuser l’accès au nôtre. 
  • Il est dangereux de survendre les retombées en emploi de la transition. Le développement du renouvelable électrique qui accompagne l’électrification des usages va, toute chose égale par ailleurs, détruire des emplois dans certains secteurs comme dans la distribution de fioul, le moteur thermique ou bien les chaudières au gaz, et en créer dans d’autres (ex : véhicules électriques, pompes à chaleur). Il est important de partir de ce constat-là. Afin d’être certains que tout se passe comme nous le voulons, nous devons organiser un appareil de formation efficace. Si nous loupons cette étape, les retombées en matière d’emplois seront moins importantes. 
  • Le discours sur le déni climatique m’inquiète, car il peut faire rater à la France la révolution industrielle associée à la décarbonation. Il fait croire aux acteurs qu’il n’est pas obligatoire d’atteindre les objectifs de neutralité carbone et de notamment développer des EnR.
  • Ce discours se prolonge en indiquant que la France agira quand des pays comme la Chine ou les États-Unis le feront. Mais, quand on regarde les faits, on observe que ces deux pays structurent leur soutien autour des filières essentielles à la décarbonation comme l’éolien, le solaire ou les véhicules électriques. Ils ont compris que c’était la direction vers laquelle il fallait diriger leur filière. »

    Michel Gioria Délégué général @ France Renouvelables (FEE)
    , délégué général de France Renouvelables, le 19/10/2023

Michel Gioria


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Parcours

France Renouvelables (FEE)
Délégué général
Ademe
Directeur régional IDF
Ademe
Chef du service recherche et technologies avancées (SRTA)
Ademe
Directeur régional adjoint en région Paca
Ademe
Chef du service recherche et technologies avancées (SRTA)
Ademe
Représentant français au sein d’un groupe d’experts internationaux en recherche et développement pour l’agence internationale de l'énergie

Établissement & diplôme

Université de Toulouse
Master 2 en économie de l’environnement, de l’énergie, des ressources naturelles et de l’agriculture
Université de Clermont
Master 1 en analyse des politiques publiques et en économie du développement

Fiche n° 46401, créée le 13/06/2022 à 09:41 - MàJ le 21/12/2022 à 12:45

France Renouvelables (FEE)

Association qui représente, promeut et défend les énergies renouvelables en France (ex-FEE)
Création : 1996 - anciennement France Énergie Éolienne (FEE)
Composition : 330 membres
Missions : porter l’évolution du système électrique en sortant des approches segmentées, pour porter des solutions techniques et économiques, des actions et des propositions accélérant la décarbonation de l’industrie, de la mobilité, des bâtiments et in fine de l'économie.
• Présidente :
Anne-Catherine de Tourtier
Délégué général : Michel Gioria
• Responsable des relations institutionnelles et territoriales : Clément Cunin
Contact : Mattias Vandenbulcke, directeur de la communication
Tél. : 01 42 60 07 41


Catégorie : Associations, ONG & Think Tank


Adresse du siège

5 avenue de la République
75011 Paris France


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Fiche n° 13387, créée le 22/04/2022 à 17:29 - MàJ le 30/11/2023 à 09:43

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