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Géothermie : « Le contexte a rarement été aussi porteur » (Catherine Lagneau, BRGM)

News Tank Energies - Paris - Actualité n°404204 - Publié le
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Jules Nyssen, Sophie Brocas, François Bonneau et Catherine Lagneau - ©  News Tank

« Le Gouvernement, très récemment, a lancé une mission commando à laquelle le BRGM Bureau de recherches géologiques et minières participe pour identifier des mesures permettant d’accroître la dynamique du secteur. La Cour des comptes travaille sur le sujet, pour identifier les raisons de l’écart entre nos ambitions et nos progrès collectifs. Bref, le contexte national et même international a rarement été aussi porteur pour ce dossier précis, une exception sans doute dans le champ plus général des énergies propres », déclare Catherine Lagneau, présidente du Bureau de recherches géologiques et minières, à l’occasion d’une conférence sur le thème « Souveraineté énergétique et climat : le rôle stratégique des géothermies », organisée au siège du BRGM, à Orléans (Loiret), le 01/07/2025.

« La pérennisation du Fonds chaleur est absolument indispensable. Sans Fonds chaleur, les solutions de géothermie collectives ne pourront pas avoir lieu. Nous sommes aussi attachés à une vision pluriannuelle du Fonds chaleur, parce qu’il s’agit d’investissements plutôt longs, et à une gouvernance qui reste celle d’aujourd’hui », déclare Jules Nyssen, président du SER Syndicat des énergies renouvelables .

« Nous avons besoin d’un réseau d’acteurs qui ne porteront pas simplement la parole mais qui “feront” la géothermie et donneront confiance aux collectivités, aux bailleurs sociaux, aux responsables économiques et aux particuliers. Cette confiance est aujourd’hui insuffisamment établie. C’est bien par ce réseau de professionnels qui seront capables de conduire des études, d’être en interaction et dans le dialogue avec ceux qui décident, de mettre en œuvre et réaliser, d’entretenir et régler, qu’on arrivera à changer les choses », déclare François Bonneau, président de la Région Centre-Val de Loire. La Région a mis en place une feuille de route régionale Géothermie pour la période 2025-2030.

« Notre feuille de route a été conçue pour essayer de donner de la vitamine à la géothermie et atteindre les objectifs de la PPE Programmation pluriannuelle de l’énergie . C’est aussi une brique importante dans notre COP Conférence des parties régionale. Cette feuille de route contient 20 actions sur cinq ans articulées autour de grands axes : mieux expliquer le potentiel de la géothermie, valoriser les bons exemples, soutenir les porteurs de projets, renforcer la formation », déclare Sophie Brocas, préfète de la Région Centre-Val de Loire et préfète du Loiret.


« Le contexte national a rarement été aussi porteur » (C. Lagneau, BRGM)

« L’usage de la géothermie, de manière générale, est efficace, peu coûteux en exploitation, peu consommateur d’espace, et peu générateur de nuisances, qu’elles soient olfactives, visuelles, sonores bien sûr aussi, qui est un des enjeux on sait des EnR Énergies renouvelables pour certaines d’entre elles, avec des retombées économiques locales séduisantes.

La géothermie ne représente à ce jour que 1 % de notre consommation finale de chaleur, et 5,5 % de la production thermique des réseaux de chaleur en France métropolitaine. La géothermie profonde, principalement exploitée en Île-de-France et en Nouvelle-Aquitaine, fournit environ 2 TWh de chaleur par an, auxquels s’ajoutent les 100 GW Gigawatt d’électricité produits par la centrale de Bouillante (Guadeloupe), dont les travaux du BRGM ont été à l’origine. La géothermie de surface, pour sa part, représente aujourd’hui environ 4 TWh de chaleur fournie par an. C’est vraiment très peu.

Ce constat, heureusement, est partagé. Les objectifs fixés par le plan national, inscrits dans le cadre de la PPE, représentent un quadruplement de cette production d’ici 2035, ce qui n’est encore qu’une petite fraction du potentiel exploitable de notre sous-sol.

Un quadruplement de la production d’ici 2035 »

Le Gouvernement, très récemment, a lancé une mission commando à laquelle le BRGM participe pour identifier des mesures permettant d’accroître la dynamique du secteur. La Cour des comptes travaille sur le sujet, pour identifier les raisons de l’écart entre nos ambitions et nos progrès collectifs. Bref, le contexte national et même international a rarement été aussi porteur pour ce dossier précis, une exception sans doute dans le champ plus général des énergies propres.

Le but du BRGM doit être de limiter au maximum les risques et les incertitudes, à la fois pour les décideurs publics, pour les investisseurs et les industriels qui souhaiteraient s’engager dans des projets de géothermie. Pour cela, nos experts travaillent à améliorer la connaissance collective du potentiel géothermique, les données, les outils, à développer des innovations pour rendre plus attractive ou facile l’exploitation géothermique. Nous travaillons par exemple depuis maintenant plus de 10 ans sur une technologie innovante permettant de combiner dans une seule installation l’exploitation géothermique et le stockage de CO2.

Il s’agit aussi d’intégrer de manière optimale les usages du sous-sol avec les systèmes énergétiques en surface, de mesurer, suivre et maîtriser l’ensemble des risques potentiels pour rassurer les acteurs et les citoyens.

Et enfin, le groupe BRGM peut également accompagner des projets d’exploitation très concrets par l’intermédiaire de notre filiale, la compagnie française de géothermie, CFG Compagnie française de géothermie , dont la haute expertise d’ingénierie est au service de nombreux clients industriels. »

Catherine Lagneau, présidente du BRGM

• 4 % de la production de chaleur renouvelable, soit 7 TWh Térawatt-heure

• 0,1 % de la production d’électricité renouvelable soit 0,1 TWh

• 210 538 pompes à chaleur géothermiques installées

• 73 installations de géothermie profonde de chaud et de froid en fonctionnement

• 2 centrales géothermiques électrogènes (Bouillante en Guadeloupe et Soultz-sous-Forêts en Alsace)

• 4,7 TWh de production thermique par les PAC Pompe à chaleur géothermales

• 2,3 TWh de production thermique par la géothermie profonde

• 142 GWh Gigawatt-heure de production électrique par la géothermie profonde

• 250 000 équivalents logements chauffés par géothermie profonde

• 3 060 emplois directs et indirects dans la filière géothermie

• 1 million de Français chauffés ou rafraîchis par la géothermie de surface

• 280 M€ de valeur ajoutée en 2019

Plateforme expérimentale pour la géothermie de surface du BRGM - ©  News Tank

« Fonds chaleur, allègement du cadre réglementaire, financement : les conditions de réussite du développement de la géothermie » (Jules Nyssen, SER)

« Il y a plusieurs conditions pour la réussite du développement de la géothermie. La première est le Fonds chaleur de l’Ademe Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie . Quand on regarde le montant annuel du Fonds de chaleur et qu’on le compare avec ce que l’on peut dépenser ici ou là en subventions pour les fossiles ou en boucliers tarifaires, cela ne représente quand même pas des sommes gigantesques. La pérennisation du dispositif est absolument indispensable. En tout cas, sans Fonds chaleur, les solutions de géothermie collectives ne pourront pas avoir lieu. Nous sommes aussi attachés à une vision pluriannuelle du Fonds chaleur, parce qu’il s’agit d’investissements plutôt longs, et à une gouvernance qui reste ce qu’elle est aujourd’hui, parce que ce n’est pas le moment d’aller tout chambouler.

La deuxième condition est un allègement du cadre réglementaire. Le Premier ministre François Bayrou a fait un certain nombre d’annonces à Biarritz le 19/06/2025, en particulier le fait de permettre l’augmentation du seuil de puissance à 2 MW Mégawatt pour les projets de géothermie de moyenne importance, qui étaient limités jusqu’à présent à 500 kW kilowatt . C’est une procédure simplifiée dérogatoire du code de minier qui permet d’accélérer les forages. Il faudrait peut-être aller un petit peu plus loin pour exempter également de permis minier les forages de reconnaissance, ce qui permet d’identifier les zones à potentiel.

Réfléchir à la question du financement »

La troisième condition est de réfléchir à la question du financement, parce que tout le monde est conscient de la situation budgétaire du pays. Au-delà du Fonds chaleur, tout ce qui permet de faire des systèmes financiers d’avance remboursables, de prêt à taux zéro, notamment pour les collectivités locales et pour les entreprises, de faire du préfinancement serait très important.

On a bien compris que les aides individuelles allaient petit à petit être débudgétisées et remplacées par des dispositifs CEE Certificats d’économie d’énergie . Pourquoi pas. Mais les CEE sont des fiches associées à des dispositifs. Or, ces fiches incluent des niveaux de performance énergétique. Nous avons identifié un risque de considérer au même niveau les PAC aérothermiques et les PAC géothermiques, alors qu’elles ne correspondent pas exactement au même niveau de performance et que la PAC géothermique est plus chère, que ce soit pour les particuliers ou pour des grosses installations. Il faut donc qu’elle bénéficie d’une aide qui permet de tenir compte d’un amortissement qui se fait forcément sur une période plus longue.

Enfin, nous avons besoin d’animation territoriale pour rétablir la confiance par la pédagogie. Le Premier ministre a annoncé le renforcement du réseau d’animation territoriale, et nous nous en félicitons.

Enfin, on ne fait pas de géothermie sans foreurs, sans machines de forage, ni même sans fabricants de pompes à chaleur. Nous avons les moyens de faire cela en France. C’est un élément de souveraineté. »

Jules Nyssen, président du SER

• Forage géothermique : relance des équipements en machines et mobilisation de personnel qualifié pour soutenir la dynamique industrielle ;

• Simplification administrative : alléger la procédure pour la géothermie de minime importance étendue jusqu’à 2 MW pour la géothermie sur sonde et favoriser la réutilisation d’anciens puits de forage ;

• Développement territorial : renforcement du réseau d’animateurs territoriaux et lancement d’actions de communication auprès des collectivités territoriales ;

• Capacité industrielle : renforcement de la production nationale de pompes à chaleur et création d’outils de financement avec la Caisse des Dépôts et le secteur bancaire (après l’été 2025).

« Il nous manque un réseau d’acteurs » (François Bonneau, Région Centre-Val de Loire)

« Dans le Sraddet Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires que nous avons rédigé, nous avons observé que 1,1 % de l’énergie renouvelable était portée par le sous-sol. C’est très peu. L’ambition du Sraddet 2050 est de porter cette part à 7 % ; un développement considérable est à opérer.

La réalité physique de notre sous-sol permet un développement de la géothermie de manière massive, comme dans d’autres régions de France. Le potentiel ici a été inexploité dans la proportion qu’il mérite et nous avons l’ambition d’y travailler.

Ce qu’il manque, dans notre région, c’est un réseau d’acteurs. Un réseau qui fasse que nous ayons, parmi les énergies renouvelables, une place plus importante pour l’énergie du sous-sol, une place à considérer spontanément. La géothermie n’est pas le supplément qui vient après, c’est un élément au même titre que les autres, du scope de nos EnR de demain. Il ne faut pas, au nom du caractère exigeant de la géothermie profonde, éliminer la géothermie de surface.

Nous avons besoin d’un réseau d’acteurs qui ne porteront pas simplement la parole mais qui “feront” la géothermie et donneront confiance aux collectivités, aux bailleurs sociaux, aux responsables économiques et aux particuliers. Cette confiance est aujourd’hui insuffisamment établie. C’est bien par ce réseau de professionnels qui seront capables de conduire des études, d’être en interaction et dans le dialogue avec ceux qui décident, de mettre en œuvre et réaliser, d’entretenir et régler, qu’on arrivera à changer les choses.

Donner confiance »

Ce jeu d’acteurs est aujourd’hui insuffisamment armé car les qualifications autour de ces sujets ne sont pas suffisamment développées. Nous avons donc l’ambition, et nous avons commencé à y travailler, d’avoir une vraie feuille de route qui inclut à la fois la coordination des professionnels, l’information, la sensibilisation et la formation à un niveau supérieur des professionnels.

Un des handicaps du développement de la géothermie est ce qu’il se dit sur l’échec de la première génération de PAC. Un événement comme cela empoisonne une filière pendant des décennies. C’est la raison pour laquelle il est important que les choses se développent en particulier sur le terrain. En région Centre-Val de Loire, nous avons intégré la géothermie sur les deux derniers lycées construits et rénovés. Il faut que nous partions de preuves concrètes qui puissent éloigner les faux procès. »

François Bonneau, président de la Région Centre-Val de Loire

Axe 1 : Communiquer sur les projets existants et faire connaître notre potentiel géothermique régional

Axe 2 : Accompagner les projets de géothermie de surface sur les bâtiments publics et les entreprises sur les aspects techniques et financiers

Axe 3 : Inciter à l’installation de pompes à chaleur géothermiques dans les secteurs résidentiels

Axe 4 : Favoriser l’émergence de projets démonstrateurs en géothermie profonde

Axe 5 : Développer l’offre de formations dans l’ensemble de la filière géothermie

« Faire du Centre-Val de Loire une région spécialiste de la formation en géothermie » (Sophie Brocas, préfète)

« La géothermie est cœur de cible pour exploiter à la fois la source de chaleur et la source de rafraîchissement que constitue le sous-sol avec une énergie qui est propre, souveraine, quasi éternelle et assez compétitive.

La géothermie est plus acceptable socialement aussi. Nous le voyons en région Centre-Val de Loire, entre les territoires qui ne veulent pas d’éolien parce qu’il faut protéger les châteaux et les territoires qui veulent beaucoup d’éolien parce qu’on est en pleine Beauce mais où finalement les gens n’en peuvent plus parce qu’ils ont des sentiments d’encerclement, nous avons certaines EnR qui deviennent plus difficilement acceptables.

En 2024, l’Ademe a financé 74 études de faisabilité sur la géothermie dans la région, contre 16 en 2019. Et l’État a financé, en 2024, 25 équipements au travers de l’Ademe.

On peut voter toutes les PPE qu’on veut, ou vouloir faire x5, x10, x30, on peut avoir des débats enflammés à l’Assemblée nationale et au Sénat, on peut mettre même beaucoup d’argent sur la table, mais si derrière on n’a pas des maires, des habitants, des entreprises qui disent “moi j’y vais”, tout cela reste des promesses de papier.

Donner de la vitamine à la géothermie »

Une partie de notre travail et une partie de la feuille de route régionale sur la géothermie est bien de dépasser les inquiétudes, de montrer à un maire que c’est mieux s’il fait de la géothermie pour son groupe scolaire plutôt que de mettre même une pompe à chaleur ou une chaudière à gaz. Pour le lui montrer, nous devons l’amener chez un autre maire qui l’a fait.

Notre feuille de route a été conçue pour essayer de donner de la vitamine à la géothermie et atteindre les objectifs de la PPE. C’est aussi une brique importante dans notre COP régionale.

Cette feuille de route contient 20 actions sur cinq ans articulées autour de grands axes : mieux expliquer le potentiel de la géothermie, valoriser les bons exemples, soutenir les porteurs de projets, renforcer la formation.

Nous avons un manque en matière de formation, donc nous avons décidé avec le Secrétaire général pour les affaires régionales, la Dreal Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement , le BRGM, avec l’IUT Institut universitaire de technologie et l’université d’Orléans de réfléchir à ce point. Notre ambition est de faire du Centre-Val de Loire une région spécialiste de la formation en géothermie pour nous-mêmes et pour le reste aussi du pays. Nous travaillons à des formations de niveaux différents, techniciens, techniciens supérieurs, ingénieurs, à la fois sur le forage de surface et profond, et aussi sur l’installation, la maintenance. »

Sophie Brocas, préfète de la Région Centre-Val de Loire, préfète du Loiret

France métropolitaine : part de chaque filière dans la production de chaleur renouvelable en 2023


Note : TWh : térawatt-heure
Source(s) : SER

Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM)

Organisme public français spécialisé dans le domaine des sciences de la Terre pour la gestion des ressources et des risques du sol et du sous-sol.
• Création : 1959
• Missions :
- La recherche scientifique sur la connaissance géologique et la compréhension des phénomènes liés au sol et au sous-sol
- L’appui aux politiques publiques, via des actions d’expertise, de surveillance, et des études
- La coopération internationale, avec 200 projets menés chaque année dans 35 pays
- La sécurité minière (depuis 2006), avec la surveillance et des actions de prévention des pollutions et des risques des anciens sites miniers
- La formation avec BRGM Formation (formations professionnelles continues) et le label BRGM Campus (enseignement supérieur)
• Présidente du conseil d’administration :
Catherine Lagneau depuis le 01/09/2023
• Directeur général délégué : Christophe Poinssot
• Contact : Pierre Vassal, directeur de la communication, de la médiation scientifique et des éditions
• Tél. : 02 38 64 34 34


Catégorie : Formation - Recherche


Adresse du siège

3 Avenue Claude Guillemin
45100 Orléans France


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Fiche n° 13260, créée le 25/03/2022 à 14:46 - MàJ le 02/07/2025 à 18:40

Syndicat des énergies renouvelables (SER)

• Le SER (Syndicat des énergies renouvelables) représente l’ensemble des filières des énergies renouvelables en France.
Création : 1993
Missions :
- Accroître la part des énergies renouvelables dans la production énergétique en France
- Participer activement à l’élaboration des textes législatifs et réglementaires
- Accompagner ses adhérents et faciliter leur déploiement en France et à l’international
- Développer et promouvoir des labels et certifications de qualité
Effectifs : 150 000 emplois directs et indirects
Adhérents : 497 (en mai 2025)
Président : Jules Nyssen (depuis le 25/10/2022)
Délégué général : Alexandre Roesch
Contact : Cynthia Kari, directrice de la communication
Tél. : 01 48 78 05 60


Catégorie : Groupement professionnel


Adresse du siège

40-42 rue La Boétie
75008 Paris France


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Fiche n° 13263, créée le 28/03/2022 à 12:16 - MàJ le 02/07/2025 à 18:40

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