Transition énergétique : « Nous jouons le rôle de tiers de confiance » (Léonard Meier, LCL)
« Nous jouons le rôle de tiers de confiance pour accompagner nos clients PME
Petite et moyenne entreprise
et ETI
Entreprise de taille intermédiaire
dans leurs enjeux de transition énergétique en nous appuyant sur notre forte proximité avec l’écosystème des acteurs de l’énergie qui sont également nos clients », déclare Léonard Meier, responsable du secteur de l’énergie et des faibles émissions de carbone chez LCL, un pôle créé en 2022, à News Tank, le 05/11/2024. La banque LCL est une filiale du Crédit Agricole. Elle accompagne notamment des ETI et PME dans leur transition énergétique.
Il répond aux questions de News Tank au côté de Cécile Suquet, responsable de la RSE
Responsabilité sociétale des entreprises
chez LCL. La division RSE de la banque a été créée en 2019 pour fixer les ambitions de l’entreprise en la matière et impulser une stratégie en lien avec le groupe Crédit Agricole.
« Il y a une attente globale de transparence de nos financements et de notre accompagnement pour orienter l’épargne de nos clients vers des investissements plus favorables à l’environnement, notamment en soutien aux EnR
Énergies renouvelables
. Dès lors qu’un projet est rentable, nous pouvons le financer, d’autant que cela entre dans notre propre performance extra-financière. La problématique aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas assez de projets EnR à soutenir », déclare Cécile Suquet.
Sortie des énergies fossiles, financement de la transition énergétique, stratégie RSE de LCL : Léonard Meier et Cécile Suquet répondent aux questions de News Tank.
Qu’attend l’État d’une banque comme LCL en matière de financements de projets EnR ?
Cécile Suquet : Il y a une attente globale de transparence de nos financements et de notre accompagnement pour orienter l’épargne de nos clients vers des investissements plus favorables à l’environnement, notamment en soutien aux EnR. Dès lors qu’un projet est rentable, nous pouvons le financer, d’autant que cela entre dans notre performance extra-financière. La problématique, c’est qu’il n’y a pas assez de projets EnR à soutenir.
Nous proposons par ailleurs des prêts immobiliers aux particuliers, et nous sommes attentifs à la performance énergétique des projets. Mais, là aussi, nous n’avons pas suffisamment de projets de rénovation énergétique.
Léonard Meier : Nous percevons que des filières comme l’éolien, le solaire, l’hydraulique - des énergies matures - , subventionnées depuis 20 ans, sont devenues aussi compétitives que des énergies fossiles et doivent à présent moins compter sur l’État et davantage sur des clients privés (CPPA) et sur des financements privés. Dans un contexte de forte rigueur budgétaire, l’allocation des fonds publics pour soutenir la transition énergétique devrait être fléchée vers le stockage, la mobilité électrique, l’équilibrage des réseaux, etc.
Pour les filières EnR matures, les corporate PPA Power purchase agreement sont une nouvelle source de revenus moins sensibles aux vicissitudes de la puissance publique. Nous en voyons de plus en plus dans les montages financiers, notamment de la part des acteurs du photovoltaïque. Cela leur garantit une diversification des revenus issus d’acteurs privés et les désensibilisent des tarifs garantis de la CRE.
Du côté des entreprises consommatrices d’énergie, les ETI s’intéressent de plus en plus à l’opportunité de souscrire un CPPA pour se protéger de la volatilité des prix du marché de l’énergie tout en décarbonant leur approvisionnement énergétique.
Financez-vous des projets liés aux combustibles fossiles ?
Cécile Suquet : Dès 2019, le groupe Crédit Agricole a décidé de sortir du charbon, puis en 2021, à sortir progressivement des autres énergies fossiles dans le cadre de notre adhésion à la Net Zero Banking Alliance qui vise la neutralité carbone d’ici 2050. Chez LCL, nous ne finançons pas de charbon à ce jour et sommes très peu exposés aux autres énergies fossiles (pétrole, gaz), même si nous avons encore une marge de progression importante. Néanmoins, il n’y a globalement pas assez de projets d’EnR à soutenir pour atteindre nos objectifs collectifs de décarbonation, et la PPE Programmation pluriannuelle de l’énergie qui vient d’être mise en consultation, sans fixation d’objectif sur la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique à 2030, ne laisse pas augurer une inversion de tendance suffisante.
Net Zero Banking Alliance
LCL a rejoint la coalition Net Zero Banking Alliance (via l’adhésion en 2021 de Crédit Agricole S.A. dont LCL est filiale à 100 %), programme lancé en avril 2021 et réunissant à date 140 banques engagées à aligner leurs investissements et portefeuilles de financement sur l’objectif zéro émission nette d’ici 2050, avec des objectifs intermédiaires en 2030. LCL agit ainsi notamment pour réduire de 40 % en intensité les émissions issues de ses financements aux professionnels de l’immobilier en 2030 et pour accompagner les propriétaires immobiliers afin d’atteindre l’objectif français de 12,4kg de C02/m2/ an d’ici 2030.
En dehors de la fin du financement des combustibles fossiles, comment contribuez-vous à la neutralité carbone ?
Cécile Suquet : Pour nos clients particuliers, nous avons lancé notamment une plateforme appelée EcoRénov’LCL pour les conseiller et les accompagner dans la rénovation énergétique de leur logement (information sur les subventions, scénarios de travaux, mise en relation avec des artisans labellisés, etc.). Nous accordons des prêts à taux préférentiels pour les dépenses d’isolation ou d’équipement des logements destinées à les rendre moins énergivores. LCL commercialise également une offre de crédit à la consommation destinée à financer à taux préférentiel l’acquisition et l’installation de panneaux photovoltaïques par les particuliers. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à la mobilité, nous proposons aussi, depuis 2019, une offre de crédit à la consommation à taux préférentiel destinée à financer l’achat de véhicules électriques neufs ou d’occasion.
Du côté des entreprises, nous proposons des crédits indexés sur des critères ESG Investissements soumis à des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance qui, pour la majorité, ont un indicateur de performance CO2. Le client se dote d’objectifs annuels de réduction des émissions de CO2 sur la durée de son crédit. Selon l’atteinte ou non des objectifs, nous faisons évoluer les taux des crédits à la hausse ou à la baisse. Nous pensons que c’est un levier pour aligner la stratégie financière des entreprises avec leur stratégie ESG, et donc un véritable outil de transformation. Nous visons 50 % de nos financements moyen terme indexés ESG à horizon 2025 ; en 2023, nous en étions à un tiers. Depuis 2020, une équipe dédiée accompagne les entreprises sur ce type de financement à impact. Et c’est un succès, il y a une appétence des clients.
Par ailleurs, depuis 2021, nous accordons des « financements fléchés » - green loans ou social loans - pour accompagner nos clients Entreprises dans leurs transitions et financer des projets ayant un bénéfice environnemental ou social direct. Les fonds sont alloués à un actif ou un projet démontrant un bénéfice environnemental inspiré de la taxonomie européenne ou un bénéfice social.
Le programme Trajectoire net-zéro
En 2022, LCL a lancé le programme Trajectoire net-zéro afin de réduire son empreinte carbone opérationnelle à moins de 80 000 tonnes de CO2 en 2030. Il s’agit des émissions scope 1, 2 et 3 amont, liées aux achats, aux déplacements des collaborateurs, aux biens immobiliers de l’entreprise, à ses dépenses énergétiques. 12 plans d’action ont été listés.
• « Nous avons suffisamment intégré ce sujet pour que l’objectif de réduction fasse partie de l’intéressement des collaborateurs. Si nous dépassons les objectifs annuels de décarbonation, un boost d’ intéressement /participation est déclenché, qui permet de récompenser l’effort de tous les collaborateurs pour la performance extra-financière de l’entreprise », déclare Cécile Suquet. Cela a été le cas en 2024, où le bilan carbone de LCL a été réduit de 11 300 tonnes à fin 2023, soit -32 %, par rapport à 2018.
• « Notre scope 3 représente 90 % de nos émissions ; ce scope, ce sont nos clients, donc nous nous devons de les accompagner dans la transition énergétique », ajoute Léonard Meier.
Parmi vos clients professionnels, quelle est la part d’énergéticiens ?
Léonard Meier :
L’énergie peut permettre une diversification de leur activité »D’un côté, nous accompagnons des producteurs d’énergie ou offreurs de solutions énergétiques (EnR, stockage, mobilité électrique, management de l’énergie, etc.) pour lesquels nous jouons notre rôle de banquier, c’est-à-dire que nous accompagnons leur croissance et leur développement. Nous parlons ici aussi bien des entreprises matures (solaire, éolien..) que des greentech / cleantech avec qui nous dialoguons de plus en plus depuis 2022. Elles vont contribuer à façonner le paysage énergétique de demain en lien avec l’électrification des usages : autoconsommation, mobilité électrique, biométhane, éolien flottant, stockage stationnaire, hydrogène, CCUS Carbon capture, utilization and storage - captage, stockage et utilisation du carbone . Ces acteurs peuvent rapidement devenir des ETI compte tenu d’un marché de la transition énergétique extrêmement porteur.
A l’autre bout du spectre, nous proposons à nos clients de tous les secteurs de l’économie qui consomment de l’énergie et qui émettent des GES Gaz à effet de serre (transport, industrie, agroalimentaire, BTP) Construction / Bâtiment et travaux publics , un accompagnement stratégique qui va de l’établissement d’une feuille de route de décarbonation énergétique (en nous appuyant sur un écosystème de partenaires spécialisés) jusqu’au financement des projets. Là, nous jouons pleinement notre rôle de tiers de confiance pour les accompagner dans la résolution de leur équation financière et extra-financière afin que les solutions de transition énergétique soient adaptées à leurs enjeux sectoriels de décarbonation, réalisable opérationnellement et financièrement. Et parfois, les réflexions vont plus loin car la transition énergétique peut créer des opportunités de diversifications intéressantes pour certains d’entre eux, par exemple en déployant des EnR sur leurs terrains et en revendant l’énergie.
Nous jouons le rôle de tiers de confiance pour accompagner nos clients PME et ETI dans leurs enjeux de transition énergétique en nous appuyant sur notre forte proximité avec l’écosystème des acteurs de l’énergie qui sont également nos clients
Scopes 1, 2, 3
• Scope 1 : émissions de GES directement émises par les activités de l’entreprise (émissions directes issues de combustibles fossiles)
• Scope 2 : émissions de GES indirectes associées à la consommation d’énergie, qui surviennent en dehors des installations de l’entreprise (émissions indirectes résultant de la production d’énergie achetée et consommée, électricité et réseaux de chaleur/froid)
• Scope 3 : émissions de GES indirectes qui échappent au contrôle direct de l’entreprise (produits et services achetés, transport et logistique, déchets, etc.)
Source : BpiFrance
Quels sont les premiers conseils que vous donnez à vos clients professionnels en matière de transition ?
Cécile Suquet : Nous leur proposons un écosystème de partenaires capables de les aider à réaliser leur bilan carbone, à établir puis à conduire leur stratégie de transformation énergétique, leur stratégie ESG, à se doter de solutions pour piloter leur stratégie RSE, ou enfin à préparer le volet environnemental d’une introduction en bourse. Autant de démarches complémentaires et nécessaires sur la voie de la décarbonation. Nous sommes convaincus du rôle immense que nous avons à jouer pour accompagner nos clients dans leur transition. Condition nécessaire à ce que notre banque puisse financer à son tour une économie davantage décarbonée.
Marier le financier avec l’extra-financier »Léonard Meier : Le niveau de maturité est différent selon l’entreprise. Certaines entreprises sont allées jusqu’à créer de nouvelles activités en lien avec l’énergie dans une logique de valorisation énergétique de leur foncier et de création de valeur tandis que d’autres n’en sont qu’au bilan carbone. La priorité, c’est de s’approprier le sujet de la transition, au-delà des obligations réglementaires, de comprendre que l’énergie n’est plus une simple commodities mais un véritable actif stratégique différenciant, et d’intégrer sa stratégie de transition énergétique au sein de la stratégie globale de l’entreprise. C’est un sujet Direction Générale, de board, et la fonction Energie dans certaines entreprises très exposées au marché de l’énergie devient d’ailleurs une fonction clé qui à sa place au sein d’un comité exécutif.
Mais comment aborder ce sujet stratégique quand on est une PME ou une ETI en manque de temps, de compétences et de ressources humaines ? C’est là que le dispositif d’accompagnement prend tout son sens et permet de faire gagner du temps, en se positionnant comme tiers de confiance et facilitateur pour accompagner les clients entreprises.
L’autre sujet très sensible pour les dirigeants de PME et ETI, est que la transition a un coût et ne doit pas se faire au détriment du développement de l’activité principale de l’entreprise. Il y a donc des réflexions pour marier le financier avec l’extra-financier, inventer de nouvelles solutions de financement pour que la transition soit compatible avec les contraintes économiques et financières de l’entreprise.
Contact
Brigitte Neige
Attachée de communication
LCL
07 62 62 33 86
© News Tank Energies - 2024 - Code de la propriété intellectuelle : « La contrefaçon (...) est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Est (...) un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une oeuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur. »