
Photovoltaïque linéaire : « Un potentiel de 35 GWc en France » (Frédéric Storck, CNR)
« En excluant les zones soumises à des ombrages ou incompatibles avec les usages actuels, on estime le potentiel du solaire linéaire à 35 GWc
Gigawatt-crête
, hors foncier de la SNCF
Société nationale des chemins de fer
. C’est plus que la capacité solaire installée actuellement en France », déclare Frédéric Storck, directeur transition énergétique et innovation de CNR
Compagnie nationale du Rhône
, à News Tank le 30/07/2025.
CNR
• Producteur français d’énergie renouvelable- 4 062 MW de puissance installée (énergie éolienne, solaire, hydroélectrique)• Création : 1933• Actionnariat : Engie (49,97 %), Collectivités locales…
a organisé une visite du démonstrateur de parc photovoltaïque linéaire Ophélia, installé au-dessus de la véloroute ViaRhôna à Caderousse (Vaucluse), le 08/07/2025. Le site, long de 900 mètres pour une puissance de 1 MWc
Mégawatt-crête
, est entré en phase d’essais avant une mise en service finale prévue à l’été 2025.
« Le recours au courant continu permet de réduire les pertes liées au transport d’électricité, tout en facilitant l’intégration des énergies renouvelables dans le réseau. Il permet également de choisir le sens d’injection de la puissance, contrairement au courant alternatif. Cela offre plus de souplesse, en particulier si l’on imagine des parcs solaires qui pourraient relier différents sites industriels ou de production ».
Frédéric Storck répond aux questions de News Tank.
Qu’est-ce qui a poussé CNR à s’intéresser à la technologie du photovoltaïque linéaire ?
Nous avons toujours adopté une approche d’énergéticien, avec une logique de valorisation de l’énergie dans la durée. CNR développe de l’éolien et du solaire depuis 2006. Dès cette période, nous avons anticipé que le foncier adapté au solaire - friches industrielles, terrains pollués - allait se raréfier. Nous avons donc cherché d’autres solutions.
En tant que concessionnaire du Rhône, nous nous interrogeons sur la manière de valoriser le foncier. En 2017, nous avons signé un partenariat stratégique avec le CEA Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives - Ines Institut national de l’énergie solaire pour travailler sur la faisabilité technologique d’une installation de photovoltaïque linéaire.
Cela a amené à construire un premier démonstrateur sur une digue en 2017, à Sablons (Isère). Il s’agit d’un linéaire de 400 mètres pour une puissance de 300 kWc kilowatt-crête : puissance électrique maximum dans des conditions standards . Les panneaux sont bifaciaux, verticaux, posés en série sur une structure béton étroite, ce qui permet une faible empreinte au sol.
Le second démonstrateur Ophélia va injecter de l’électricité dans le réseau d’ici aux prochaines semaines. Il a été conçu dans le cadre de l’appel à projets Demo Tase de l’Ademe
Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
, avec Supergrid Institute, Schneider Electric
Multinationale française spécialiste des solutions numériques d’énergie et des automatisations pour l’efficacité énergétique• Activités :- Gestion de l’énergie - Automatismes industriels…
, Nexans
Fabriquant international de systèmes de câbles et de services• Secteurs d’activité :- Bâtiment & Territoires- Haute Tension & Grands Projets- Industrie & Solutions- Télécommunications …
et la SNCF
Société nationale des chemins de fer
. La prochaine étape, avant de passer à l’échelle commerciale, consistera à réaliser un pilote industriel. Nous travaillons avec la DGEC
Direction générale de l’énergie et du climat
et la CRE
Commission de régulation de l’énergie
pour qu’il puisse être soutenu par un contrat d’expérimentation.
Quelles sont les principales difficultés techniques du photovoltaïque linéaire sur longue distance ?
Pour aller vers une échelle industrielle, avec plusieurs kilomètres de panneaux, une difficulté principale se pose : l’évacuation de l’électricité. Sur des longueurs importantes, les pertes d’énergie dans les câbles deviennent très significatives, ce qui peut remettre en cause l’intérêt du modèle. Contrairement aux parcs solaires classiques, où l’énergie est concentrée en un point, le linéaire implique des câbles longs, donc plus de pertes.
Pour répondre à cette contrainte, nous avons sollicité SuperGrid Institute
Entreprise experte en systèmes électriques.• Statut : Institut de transition énergétique (plateforme interdisciplinaire dans le domaine des énergies décarbonées, rassemblant les compétences de…
, spécialiste du transport d’électricité sur de longues distances, notamment pour le raccordement des parcs éoliens offshore. L’idée est d’adapter ces technologies, à une échelle plus petite, pour le solaire linéaire.
Le recours au courant continu permet de réduire les pertes liées au transport d’électricité, tout en facilitant l’intégration des énergies renouvelables dans le réseau. Il permet notamment de choisir le sens d’injection de la puissance, contrairement au courant alternatif. Cela offre plus de souplesse, en particulier si l’on imagine des parcs solaires qui pourraient relier différents sites industriels ou de production.
Par ailleurs, de nombreux usages actuels fonctionnent déjà en courant continu : ordinateurs, batteries de véhicules, électrolyseurs pour l’hydrogène, data centers. Aujourd’hui, on multiplie les conversions entre courant alternatif et courant continu, ce qui engendre des pertes de matières premières et d’énergie.
Le développement de hubs en courant continu, à l’échelle locale, permettrait d’alimenter directement ces usages (production d’hydrogène, centres de données, bornes de recharge) en lien avec des installations de production. C’est aussi une piste pour accompagner le développement des énergies renouvelables, notamment dans les zones où elles provoquent des congestions sur le réseau. Le maillage local en courant continu pourrait compléter le réseau existant et faciliter l’électrification des usages.
Vous annoncez une phase d’expérimentation jusqu’en 2028 sur le projet Ophélia. Quels en sont les objectifs ?
L’objectif est de démontrer le bon fonctionnement de la technologie. Le projet repose sur plusieurs briques : SuperGrid Institute développe les convertisseurs en courant continu pour élever la tension entre le parc solaire et le réseau, autour de 10 000 (+5 000, -5 000) volts, Nexans conçoit les câbles en courant continu adaptés à ce niveau de tension, et Schneider Electric travaille sur des organes d’interfaçage et de coupure spécifiques pour sécuriser le fonctionnement et le raccordement du parc, à l’image de ce qui existe en courant alternatif.
Vous avez également produit une étude sur le gisement de solaire linéaire disponible en France. Que révèle-t-elle ?
C’était effectivement l’un des livrables lié à l’appel à projets de l’Ademe. Elle a été menée avec l’agence Arep. Elle s’appuie sur l’analyse de cartographies et de modélisations pour identifier les différents types de fonciers linéaires mobilisables. En excluant les zones soumises à des ombrages ou incompatibles avec les usages actuels, on estime le potentiel à 35 GWc. C’est plus que la capacité solaire installée actuellement en France.
Ce gisement pourrait contribuer significativement à l’atteinte des objectifs de la prochaine PPE Programmation pluriannuelle de l’énergie , qui fixe à 54 GWc la capacité solaire à atteindre d’ici 2030, selon les hypothèses en discussion. Dans tous les cas, cela montre que le solaire linéaire peut jouer un rôle important.
Contribuer significativement aux objectifs de la PPE »Nous pensons également qu’il est plus simple à mobiliser. Il s’appuie sur des fonciers déjà anthropisés (digues, bords de routes, murs antibruit…), ce qui facilite l’acceptabilité.
Contrairement à l’agrivoltaïsme, qui nous intéresse également comme solution potentielle pour pérenniser l’agriculture dans le contexte du changement climatique, mais où se posent des questions de cohabitation entre production agricole et énergie, ces linéaires sont souvent peu conflictuels en termes d’usage. Enfin, les 35 GWc identifiés ne tiennent pas compte du domaine foncier de la SNCF, qui mène actuellement sa propre enquête.
Compagnie nationale du Rhône (CNR)
• Producteur français d’énergie renouvelable
- 4 062 MW de puissance installée (énergie éolienne, solaire, hydroélectrique)
• Création : 1933
• Actionnariat : Engie (49,97 %), Collectivités locales (16,83 %), Groupe Caisse des dépôts (33,20 %)
• Missions :
- Poursuivre les développements d’actifs dans les énergies renouvelables (énergie éolienne, énergie solaire, énergie hydroélectrique)
- Participer activement à la recherche sur les nouveaux outils de production d’énergie renouvelable et à la création de filières industrielles françaises de pointe
- Développer des projets en lien avec les acteurs de l’innovation
- Renforcer les liens avec le monde agricole et son accompagnement
• Chiffre d’affaires : 1,7 Md€ (2023)
- 951 M€ (2022)
- 1,3 Md€ (2021)
• Employés : 1 519 salariés (2023)
• Présidente du directoire : Laurence Borie-Bancel, depuis décembre 2021
• Contact : Béatrice Ailloud, responsable presse
• Tél. : 04 72 00 69 69
Catégorie : Producteur
Adresse du siège
2, rue André Bonin69316 Lyon Cedex 04 France
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Fiche n° 13887, créée le 19/08/2022 à 14:58 - MàJ le 28/07/2025 à 15:38
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