
Méthanisation : « Le traitement des déchets à Gennevilliers incitera à la collecte » (C. Duprey, Syctom)
« Nous estimons qu’il y a 30 à 40 % de déchets alimentaires dans les poubelles grises. Nous avons besoin d’installations comme cette unité de traitement des déchets ménagers à Gennevilliers pour inciter à la collecte », déclare Corentin Duprey, président du Syctom
Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères de la Ville de Paris
, lors de la pose symbolique de la première pierre d’une unité de méthanisation sur le port fluvial de Genneviliers (Hauts-de-Seine), le 18/09/2025. Le site doit valoriser les déchets alimentaires des Franciliens.
Depuis le 01/01/2024, les collectivités locales ont l’obligation d’offrir à leurs habitants des solutions de tri pour leurs déchets organiques. « L’un des enjeux est la montée en puissance de la collecte de déchets alimentaires. Fin 2024 nous étions à plus de 10 000 tonnes, et fin 2025 nous devrions être à plus de 15 000 tonnes en Île-de-France. Je mise sur une montée en charge après les élections d’avril 2026 », ajoute Corentin Duprey.
Les déchets alimentaires qui y seront traités seront collectés auprès des ménages, des cantines scolaires et des marchés aux comestibles pour être transformés en biogaz et en fertilisants naturels.
Le biométhane produit sera réinjecté dans le réseau de gaz, une première dans les Hauts-de-Seine.
Les engrais et le digestat seront transportés par voie fluviale jusqu’aux portes de Limay (Yvelines).
Le projet a été initié en 2016 par le Syctom, établissement public en charge du traitement des déchets ménagers de 5,7 millions de Franciliens, et le Sigeif
Syndicat Intercommunal pour le Gaz et l’Électricité en Île-de-France
, syndicat d’énergie. Paprec, entreprise spécialisée dans la collecte et le recyclage de déchets industriels et ménagers, en est le délégataire de service public pour la conception, la réalisation et l’exploitation de l’unité de méthanisation. Cette concession de 19 ans, dont 4 pour la construction, a été obtenue en avril 2022.
L’autorisation environnementale a été accordée en décembre 2024. « Nous n’avons pas eu de barrière administrative complexe. L’État a vraiment accompagné le projet. Le circuit court est extrêmement important dans l’énergie. C’est une sécurité et une souveraineté pour les collectivités locales », déclare Jean-Jacques Guillet, président du Sigeif.
La mise en service de l’unité est prévue fin 2027.
- « Il s’agit de la plus grande et la plus exemplaire unité de traitement des déchets des ménages de France. Le terrain est contraignant, coincé entre une autoroute, des riverains, des industriels. Nous sommes vigilants quant à notre façon de gérer le site. Il y a notamment un enjeu sur la qualité de l’air et l’impact sonore. La montée en puissance du site sera liée à la future collecte de déchets. » Stéphane Leterrier, directeur général adjoint du groupe Paprec, le 18/09/2025
- « Ce projet illustre une synergie que nous devons encourager entre la collecte, la gestion des déchets et la production d’énergie renouvelable et du retour au sol pour l’agriculture. Nous démontrons ici que nous pouvons produire du biométhane même en zone très dense. » Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF Gaz réseau distribution France , le 18/09/2025
Chiffres clés du projet
Déchets
• 50 000 tonnes par an de déchets alimentaires pourront y être valorisées à partir de 2027.
• 2 100 tonnes seront livrées en 2026 pour les essais.
Production
• 25 000 MWh
Mégawatt-heure
de biométhane injecté dans le réseau de gaz, soit la consommation annuelle de 5 000 foyers.
• 43 000 tonnes de digestat pour enrichir 2 100 hectares par an de terres agricoles.
L’énergie utilisée pour le fonctionnement de l’unité proviendra en grande partie du biométhane produit sur place et le digestat (fertilisant) sera transporté par voie fluviale.
Investissement
• 53 M€ dont 26 M€ alloués par les collectivités et 10 M€ alloués par l’État.
Calendrier
• Les premières tonnes de déchets alimentaires seront réceptionnées à l’automne 2026.
• La mise en service industrielle est prévue pour juillet 2027.
« Nous nous mettons déjà en quête d’un foncier pour créer une deuxième unité dans l’est de la Métropole du Grand Paris » (Corentin Duprey, Syctom)
Quels sont les principaux défis de ce projet ?
Nous pouvons faire beaucoup mieux avec les déchets alimentaires que les incinérer avec le reste des poubelles grises dans l’un de nos trois incinérateurs d’Île-de-France, à Saint-Ouen, Issy-les-Moulineaux et Ivry, en les valorisant en biogaz. C’est un défi parce qu’il faut réunir 53 M€ de financement, et même s’il s’agit d’un projet d’intérêt général, ce n’est pas simple.
Cette unité de méthanisation, c’est aussi un défi de construction, et nous devons dans le même temps répondre à un certain nombre de craintes des riverains concernant le gaz. Il a fallu convaincre, organiser l’enquête publique et la concertation, apporter des réponses. Nous avons obtenu un avis favorable sans réserve.
Et enfin le dernier défi sera la réussite de la collecte des déchets alimentaires. Nous serons à plus de 15 000 tonnes collectées en Île-de-France fin 2025 alors que l’usine aura une capacité annuelle de 50 000 tonnes. Je souhaite monter en charge, c’est pourquoi nous accompagnons les établissements publics territoriaux dans les dispositifs de collecte qu’ils peuvent mettre en place.
Pourquoi choisir une installation dans le port de Gennevilliers ?
Limiter notre production de CO2, une préoccupation constante »La proximité immédiate avec la Seine permet d’évacuer par voies fluviales les résidus de la méthanisation, afin de fertiliser des terres agricoles dans l’Indre-et-Loire et dans l’Eure. Utiliser des barges plutôt que des camions est mieux en matière d’émissions de CO2. C’est une préoccupation constante du Syctom que de limiter notre production de CO2. Par ailleurs, à Gennevilliers il y a depuis longtemps des activités liées aux déchets industriels, donc l’acceptabilité locale est moins compliquée qu’ailleurs. Et enfin nous sommes sur le territoire du Syctom ici : il est important pour nous que les déchets générés sur le territoire soient traités localement le plus possible. Nous voulons par ailleurs mailler des points de transfert des déchets alimentaires pour massifier la logistique, toujours dans une logique de réduire au maximum nos émissions.
Anticipez-vous déjà de dépasser la capacité des 50 000 tonnes ?
Nous nous mettons déjà en quête d’un foncier pour créer une deuxième unité comparable à celle de Gennevilliers, dans l’est de la Métropole du Grand Paris. Un projet comme celui de Gennevilliers peut avancer rapidement, et je ne voudrais pas me retrouver, en 2030, avec une atteinte des 50 000 tonnes sans avoir anticipé une solution.
Corentin Duprey, président du Syctom, à News Tank le 18/09/2025
Contact
Sylvie Mariaud
Chargée de mission
Relations presse et collectivités locales
Syctom
06 21 60 03 82
mariaud@syctom-paris.fr
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