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ExclusifDébat public « La Mer en débat » : « Un avis mitigé » (Claire Hugues, Région Pays de la Loire)

News Tank Energies - Paris - Actualité n°323593 - Publié le 30/05/2024 à 09:00
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©  Débat Public
Les quatre façades maritimes métropolitaines - ©  Débat Public

« Mon avis sur le débat est mitigé. Sur notre façade, il n’y a pas eu une très forte participation, ni de grand écho, dans la presse ou le public, malgré l’énergie débordante de la Commission nationale du débat public Autorité administrative indépendante garante du droit à l’information et à la participation du public sur l’élaboration des projets et des politiques publiques ayant un impact sur…  », déclare Claire Hugues, vice-présidente de la Région Pays de la Loire en charge des Affaires maritimes à propos du débat public « La Mer en débat » organisé du 20/11/2023 au 26/04/2024 par la CNDP Commission nationale du débat public , à News Tank le 29/05/2024.

Ce débat national traitait de l’avenir de la mer, du littoral, de la biodiversité marine et de l’éolien en mer sur quatre territoires, correspondant aux quatre façades maritimes de la France métropolitaine : Manche Est-mer du Nord, Nord Atlantique-Manche Ouest, Sud Atlantique et Méditerranée.

Le débat avait pour but de recueillir les arguments des citoyens et de toute personne concernée, puis de mettre en forme ces arguments contradictoires sous la forme d’un compte-rendu, publié fin juin 2024. Ce document doit alimenter la décision du Gouvernement quant à l’avenir des façades maritimes, prévue quant à elle pour fin 2024.

Élus, représentants d’associations et acteurs de la Mer réagissent à ce débat pour News Tank.


• Plus de cinq mois de débat, du 20/11/2023 au 26/04/2024

• Plus de 300 événements organisés en ligne et sur le terrain

• 20 000 personnes présentes lors des événements

• Près de 200 000 personnes ayant utilisé les outils numériques du débat

Claire Hugues - ©  Région Pays-de-la-Loire
« La carte publiée très tardivement et sans concertation a crispé tout le monde » (Claire Hugues)

  • « Mon avis sur le débat est mitigé. Sur notre façade, il n’y a pas eu une très forte participation, ni de grand écho, dans la presse ou le public, malgré l’énergie débordante de la CNDP.
  • Par ailleurs, pendant le débat public, une carte des “zones propices au développement de l’éolien, Nord-Atlantique/Manche Ouest” est sortie. Elle est arrivée très tard, en mars 2024, et sans concertation préalable. L’État l’a présentée à la Région 24h avant de la publier… La méthode n’a pas du tout été appréciée, d’autant que dès le début notre présidente de Région Christelle Morançais et moi-même avons dit que cela serait un sujet difficile, sur lequel il fallait nous tenir au courant et discuter.
  • En effet, notre façade représente plus de la moitié des objectifs nationaux : c’est énorme. Si l’on veut pouvoir faire accepter un objectif aussi fort, il faut que les parcs soient loin des côtes pour préserver notre pêche et les littoraux.
    Propositions de l’État - zones propices au développement de l'éolien, Nord-Atlantique/Manche Ouest - ©  Ministère de l'Economie, des Finances et de la souveraineté Industrielle et numérique
  • Or, pour prendre deux exemple, la carte présente une énorme zone dite “E” en Sud-Vendée qui n’avait jamais été discutée auparavant ; et une possible extension du parc de l’Ile d’Yeu, parc qui est en cours de construction et qui n’est déjà pas simple à faire accepter.

    Nous cherchons à réussir cet exercice »

  • Telle quelle, ce n’est pas une carte qui augure d’une acceptabilité massive… Elle a crispé tout le monde. Or nous cherchons à réussir cet exercice. Qu’il y ait un débat pour le grand public, c’est très bien ; mais en-dehors des contacts que nous avons entre usagers de la mer, élus et État au Conseil maritime de façade - une organisation très institutionnalisée qui a participé à tous les ateliers et réunions publiques du débat -, il n’y a pas eu d’échanges lors de ce débat public entre l’État et les vrais usagers de la mer et les élus. L’État nous dit “la concertation avec vous, c’est maintenant”. C’est effectivement en train de s’organiser au niveau des préfectures. Il est grand temps que cela commence. »

    Claire Hugues, vice-présidente de la Région Pays de la Loire en charge des Affaires maritimes

Alexandre Grausi - ©  D.R.
« Le débat a répondu aux interrogations du grand public sur l’éolien flottant » (Alexandre Grausi)

  • « Le débat a permis de faire de la pédagogie auprès du grand public, pour lequel l’éolien flottant est encore inconnu. Il avait une visée explicative. La transition énergétique a déjà commencé, et notre devoir pédagogique en fait partie. Port-la-Nouvelle a été impliqué dans le débat au travers de visites de nos infrastructures pour le grand public et des lycéens ».

    Alexandre Grausi, directeur de projet développement pour Port-la-Nouvelle

« Le débat n’a apporté aucune surprise sur notre façade maritime » (Thomas Debize)

  • « Le débat n’a apporté aucune surprise sur notre façade maritime. Les quatre zones de développement de l’éolien de la Méditerranée étaient déjà connues. Les Régions Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Occitanie ont entrepris un débat public sur ces zones avec les différents intervenants depuis plusieurs années, et certaines particularités des zones ont ainsi été définies ensemble.

    Aucune surprise sur notre façade maritime »

  • Par exemple, le tracé des corridors entre les zones a été pensé avec les mondes militaire et de la pêche ; le positionnement des zones à deux nautiques (3,704 km) du plateau a été défini avec des scientifiques pour préserver la biodiversité.
  • À l’issue du débat, il doit aussi y avoir une clarification des objectifs, qui ne peut pas avoir lieu sans communication et validation par le public. Aujourd’hui, sur notre façade 1,5 GW Gigawatt ont déjà été validés. Le travail de l’État porte désormais sur la planification de 4 à 7,5 GW supplémentaires d’ici la fin de l’année. »

    Thomas Debize, ingénieur projet à la société d’économie mixte à opération unique (SEMOP) de Port-la-Nouvelle

Dominique Chevillon - ©  D.R.
« Aucun élément n’a été apporté sur ce qu’est un véritable parc industriel éolien en mer » (Dominique Chevillon)

  • « L’objectif du débat public était d’apporter les éléments permettant de poser le problème et de solliciter des avis. Or sur le sujet es éoliennes en mer, personne, ni de l’État ni des industriel, n’a fourni les informations pour comprendre ce qu’est un véritable parc industriel éolien en mer de grande dimension, avec ses données, sa maintenance, ses nuisances, sa pollution, la nécessité de reconstruire à la fin de l’exploitation. Comment peut-on aussi mal informer sur ce qu’est le vrai sujet : des zones industrielles en mer ?
  • En 2021-2022, lors du débat public sur le parc éolien d’Oléron, on nous avait dit : il y a des expériences en Europe du Nord, la filière est mature, nous vous donnerons l’information sur les incidences écologiques, économiques et autres. Or on ne nous a jamais rien rapporté sur ces expériences. Par contre, il est beaucoup question de sauver la planète, de produire de l’électricité, de décarboner - ce ne sont que des perceptions qui assez souvent sont scientifiquement et industriellement fausses. Cela fait perdre toute crédibilité à ce type d’entretiens qui en fait est tout sauf un débat public.
  • Le clou de ce débat sur la Mer, qui a duré cinq mois, a été qu’un mois avant la fin l’Etat a sorti des cartes des zones propices au développement éolien. C’est scandaleux de ne l’avoir fait qu’au dernier moment. En outre, ces cartes ne montrent pas les zones Natura 2000 ni les autres activités de la mer, elles disent seulement combien il pourrait y avoir de parcs et où ils pourraient être situés. Tout cela n’est pas de la planification : une planification est localisée, précise, prend en compte les écosystèmes, les pratiques de la pêche, du tourisme. Comment peut-on envisager d’investir sur des cycles longs sans planification ? C’est au minimum de l’amateurisme. »

    Dominique Chevillon, vice-président de la LPO Ligue pour la protection des oiseaux France

Anne Claudius-Petit - ©  VéroniquePaul, Région Sud
« Nous souhaitons dépasser la fourchette basse de production PV photovoltaïque définie par l’État » (Anne Claudius-Petit) conseillère régionale de la Région PACA Provence-Alpes-Côte d’Azur

  • « Les quatre macro-zones à potentiel éolien de notre façade ont été définies dès 2021, suite au débat public sur l’éolien flottant en Méditerranée. “La Mer en débat” n’a donc pas apporté de surprise. Nous attendons désormais l’arbitrage de l’Etat d’ici fin 2024. Il a fixé une fourchette pour les nouvelles capacités de production d’électricité éolienne dans la région : entre 4 et 7,5 GW.
  • Or dans notre schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (Sraddet Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires ), nous nous sommes fixés un objectif de 2 GW ; de son côté, la Région Occitanie vise 3 GW. Cela fait donc 5 GW : les deux Régions souhaitent que l’Etat dépasse la fourchette basse qu’il a fixée.

    On avance tous ensemble »

  • Concernant le débat lui-même, les discussions ont été assez semblables à celles du débat de 2020-2021 : la visibilité des parcs éoliens depuis la côte, leurs effets sur la biodiversité, la cohabitation des usages avec la filière pêche, le coût de ces parcs. Avec les mêmes représentants d’associations et d’institutions. La permanence des échanges me paraît plutôt positive, on a l’occasion de se retrouver, on avance tous ensemble.
  • Il y a notamment une question très forte sur l’impact environnemental, car nous attendons les résultats d’études, en particulier Migralion Programme d’acquisition de données sur l’utilisation du Golfe du lion par les oiseaux migrateurs terrestres et l’avifaune marine portée par l'OFB Office français de la biodiversité . Mais même si les appels d’offres sont lancés, le temps venu ces études seront utiles. Elles permettront de définir le positionnement des éoliennes, les contraintes à imposer aux entreprises, etc. »

    Anne Claudius-Petit, conseillère régionale de la Région PACA Provence-Alpes-Côte d’Azur

Jean-François Rapin - ©  D.R.
« Faire remonter l’opposition franche du Parlement de la Mer au projet de Bassure de Baas » (Jean-François Rapin)

  • « Le débat a été l’occasion pour le parlement de la mer d’exprimer l’opposition franche de ses membres, élus et acteurs de la mer, au projet de parc éolien dans la zone de Bassure de Baas, le long de la Côte d’Opale entre Berck-sur-Mer et Le Touquet. Cette zone est depuis longtemps présentée par les développeurs comme propice à l’éolien du fait de ses vents.
  • Mais une majeure partie des acteurs territoriaux considèrent qu’elle est au contraire peu propice à cette activité : elle est proche des côtes, et d’un point de vue touristique c’est gênant. Le paysage que l’on souhaite est plutôt celui d’une mer à perte de vue. Les pêcheurs de leur côté ont des craintes importantes sur les contraintes qui pourraient être imposées sur le trafic dans le détroit du Pas-de-Calais.

    Le parlement de la mer des Hauts-de-France est une instance d’échange et de concertation créée par la Région Hauts-de-France en 2020, réunissant les acteurs clés de la communauté maritime régionale : représentants des collectivités territoriales, de l’État, acteurs scientifiques, socio-économiques, et associations d’experts et d’usagers.

  • Le parlement de la mer des Hauts-de-France a inscrit cette opposition dans un cahier d’acteur, versé au débat. C’est un élément qui va remonter au Comité maritime de façade, qui devra à son tour proposer une cartographie. Nous espérons être écoutés : si le débat public n’est pas entendu, cela pose problème. Même si le parlement de la mer n’est pas décideur, il regroupe des acteurs importants. »

    Jean-François Rapin, conseiller régional des Hauts-de-France et président du parlement de la mer des Hauts-de-France

« Au large des Hauts-de-France, la densité des usages et l’étroitesse de l’espace maritime limitent les possibilités d’implantation de l’éolien. L’acceptabilité sociale des projets d’implantation de nouveaux parcs éoliens au large des Hauts-de-France se trouve ainsi fortement compromise, compte tenu de la proximité des côtes des zones propices et du fort impact visuel. De nombreux acteurs des Hauts-de-France s’intéressent par contre aux perspectives liées aux énergies marémotrices et houlomotrices, la façade maritime se révélant propice à ces deux types d’énergies marines renouvelables. »

Extrait du Cahier d’acteur publié par le parlement de la mer des Hauts-de-France à l’occasion de « La Mer en débat »

Chistophe Manas - ©  Région Occitanie
« Le grand débat permet d’anticiper la cohabitation avec les éoliennes » (Christophe Manas)

  • « Nous sommes très heureux que ce débat ait permis d’intégrer pleinement les citoyens au sujet de la mer. C’est important de les inclure dans les décisions qui sont prises pour les 20 ou 30 prochaines années. Nous avons participé au maximum à ces débats, lors d’ateliers sur le tourisme, les sites de grand essai éolien ou encore les co-usages. Le débat a aussi touché des élus, qui ont parfois été surpris eux-mêmes de leurs connaissances lacunaires et ont initié de v raies démarches sur leurs territoires, en écoutant la parole de personnes directement concernées.
  • Concernant les éoliennes, le débat permet de s’organiser, d’anticiper la cohabitation avec ces nouveaux équipements, qui seront un axe majeur de notre souveraineté énergétique. Lors des débats, par exemple, des pêcheurs d’Occitanie ont réfléchi à une organisation pour assurer eux-mêmes le transport des équipes d’entretien sur les sites des éoliennes. Cela leur permet de diversifier leur activité. S’ils n’avaient pas été autour de la table, cela n’aurait sans doute pas été envisagé.
  • Reste une des difficultés de l’exercice : le bilan du débat, qui doit être respectueux de la parole du citoyen, de ses inquiétudes, tout en étant dans la finesse du sujet, dans la précision, et sans parti-pris. »

    Christophe Manas, conseiller régional de la Région Occitanie et président de la Commission Méditerranée

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©  Débat Public
Les quatre façades maritimes métropolitaines - ©  Débat Public